Interview voyageuse : Le voyage à visée environnementale de Pascale… qui ne s’est finalement jamais arrêté !

Pascale a quitté Paris en mai 2017 pour un voyage qui devait, initialement, durer une année. Elle avait, initialement encore, choisi cet itinéraire avec Zip World : Paris – Lima // Santiago – Auckland // Christchurch – Sydney // Brisbane – Singapour – Dubai – Paris. Mais les choses de la vie ont fait qu’elle n’a pas du tout suivi son plan initial ; « Je n’ai finalement pris que le vol Paris – Lima ! » nous explique-t-elle.

Dans cette interview, Pascale nous parle du véritable bouleversement qui opéra dans ses vies dès les premières semaines de son voyage…

Bonjour Pascale, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour ! J’ai 33 ans, je vivais à Paris avant de commencer à voyager, et j’étais consultante marketing. Mes passions principales sont d’apprendre sans cesse pour protéger l’environnement, et partager à ce sujet via mon blog Terralive. J’aime évidemment le voyage, mais également la photographie, apprendre sur le monde (cultures, géo-politique, …) et l’amour, cela est essentiel dans la vie ! Je m’intéresse également au développement personnel, à la spiritualité, aux cosmétiques naturels, à la permaculture, à la bio-construction et à la création artistique. Je commence aussi à faire de la vidéo et m’intéresse depuis peu à la création en stop-motion. J’aime regarder des documentaires et j’aime écrire.

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Si vous deviez vous définir en quelques mots…

Je suis une exploratrice, une aventurière, une rêveuse et une personne contemplative. De la nature mais aussi de la vie. Les pieds sur terre mais la tête dans les nuages, comme on dit ! Et j’aime regarder derrière moi et me passer chronologiquement les événements de la vie qui m’ont fait arriver là où je suis actuellement, c’est une sensation forte et belle, qui remplit la vie spirituelle ; pour finalement se dire que tout ce qui nous arrive a un sens et n’arrive pas par hasard. Tout est à imaginer, faire, inventer, changer dès maintenant, nous avons de l’or entre nos mains mais parfois nous n’en avons pas conscience…

Vous avez entrepris ce voyage tout seule. Pourquoi ?

Je suis partie voyager seule pour plusieurs raisons. D’une, parce que cela était important pour moi d’avoir une expérience de voyage seule. Ensuite, parce que professionnellement, mon compagnon n’était pas prêt pour ce type de voyage au long cours et ne l’aurait pas été avant un petit moment. Nous avons donc pris la décision que je parte, mais tout en ayant convenu qu’il me rejoigne quelques fois sur plusieurs mois. Ça ne s’est pas du tout passé comme nous l’avions prévu. Nous ne nous sommes revus que six mois après mon départ. Avant de partir en voyage, je l’ai quittée très amoureuse et en revenant en Iran (où il vivait) six mois plus tard, je n’étais plus tout à fait la même et mes sentiments pour lui non plus… Un malaise, un choc. Je n’étais plus tout à fait la même pour toutes les choses que j’avais vécues et surtout que nous n’avions pas partagées ensemble… mais également, j’avais fait la rencontre de quelqu’un au Chili. Je partais donc du Chili pour le rejoindre en Iran, et je ne suis revenue au Chili que deux mois plus tard. Il fallait que je reste plus de temps avec lui pour comprendre s’il y avait encore quelque chose entre nous et si ce quelque chose allait nous permettre de rester ensemble ou non. Ces deux mois ont été littéralement un tourment pour moi. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. J’avais en plus prévu, après mon tour du monde d’un an, d’aller vivre en Iran pour être à ses côtés et pour monter un projet d’éco-voyage, mêlant actions environnementales et voyage éthique et humain en Iran.

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Que s’est-il finalement passé ?

Il m’a fallu vivre ce processus de deux mois pour digérer ce qui venait de m’arriver, me questionner, me comprendre, écouter ma petite voix, écouter mon intuition, écouter celle que je suis aujourd’hui et non celle de 6 mois auparavant… Bref, de grandes questions existentielles et spirituelles que l’on a tous eu dans nos vies. J’ai pensé sans cesse, pendant ces deux mois, à cet homme mystérieux si proche et si différent de moi à la fois, que j’avais rencontré au Chili. C’en était troublant… Au final, toutes les réponses sont en nous et nulle part ailleurs. Je suis maintenant avec mon nouveau compagnon, et nous voyageons actuellement ensemble. Nous prévoyons par la suite d’acheter un van qui fonctionnerait avec un moteur à eau que nous allons construire, cela permet de diminuer sa consommation de carburant de 30 à 40%. Nous avons eu l’idée du van car nous aimerions avoir un petit atelier dans le van pour faire des vidéos en stop-motion de sensibilisation à l’environnement. J’aimerais aussi organiser des ateliers de cosmétiques naturels itinérants et proposer des cours pour avoir une vie plus écologique. Nous aimerions porter la bonne parole d’une vie plus écologique au travers de notre voyage, tout en continuant à aider et apprendre dans des volontariats.

À l’origine, vous aviez prévu de réaliser un voyage à visée environnementale. Pouvez-vous nous expliquer ?

Mon rêve de voyage au long cours était là depuis un moment, peut-être 6 ou 7 ans. Il y avait donc ce rêve de voyage mais sans forcément lui avoir donné une visée environnementale au départ. Mais bien sûr, ayant grandi à la campagne, j’ai toujours eu un lien particulier avec la nature et j’en ai toujours pris soin. En parallèle de mon envie grandissante de voyage, ma conscience environnementale s’est étoffée ; je me suis inscrite dans une association environnementale, j’y ai été bénévole pendant trois ans (actions de prévention, actions de sensibilisation auprès d’enfants sur des espèces en voie de disparition, actions de ramassage des déchets et de sensibilisation au tri sélectif, etc). En parallèle, au cours de mes voyages passés, je me suis rendue compte que notre planète devenait une véritable poubelle. Je ne pouvais pas rester les bras croisés, il fallait que je fasse quelque chose. Et donc peu à peu, quand le rêve de voyage s’est transformé en projet à réaliser, l’envie d’agir pour l’environnement était bien présente. Ce voyage devenait alors une formidable opportunité pour participer à des volontariats environnementaux (permaculture, bio-construction, biodynamie, agriculture organique, …), tout en allant à la rencontre des initiatives écologiques. Je n’avais pas envie de garder toutes ses rencontres et ses informations pour moi, je voulais partager, informer, sensibiliser et c’est ainsi qu’est né mon blog Terralive.

Le voyage à visée environnementale de Pascale

De quoi traite votre blog exactement ?

À travers mon blog, je veux montrer que chacun peut agir à son échelle et que ça ne demande pas forcément un effort surhumain au niveau du temps ou de l’argent, au contraire même (notamment pour l’aspect financier). Je veux partager des astuces que l’on peut réaliser chez soi, comme par exemple fabriquer son propre savon à partir des huiles de sa cuisine.

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin de découvrir les initiatives écologiques ailleurs dans le monde ?

Le voyage était l’envie première. Puis ma sensibilisation et mon implication pour l’environnement grandissant, et l’envie d’en savoir davantage et de transmettre ensuite, je me suis donc dit que « voyage et environnement », c’était la combinaison parfaite ! Learn, Act, Share, c’est d’ailleurs le fer de lance du blog : Apprendre sur l’environnement, Agir au travers de mes volontariats, et Partager au travers de mon blog, et aussi inciter mes lecteurs à partager autour d’eux.

Qu’avez-vous découvert à l’étranger d’un point de vue environnemental ?

J’ai bien sûr découvert des choses choquantes, comme des espaces naturels improvisés en véritables décharges, énormément de déchets aux bords des routes, la sur-utilisation de sacs plastiques (très présent en Amérique du Sud malheureusement), le manque de transports en commun créant une explosion du trafic routier en ville, le tri sélectif des déchets et le recyclage qui sont inexistants dans certains pays… Mais j’ai aussi découvert de très belles choses ! Par exemple, au Pérou, Reciclando Aceite recycle les huiles de cuisine pour en faire des savons ; en Iran, une association sensibilise les enfants à l’environnement ; j’ai vu des fours solaires et des lieux éco-éducatifs pour les enfants au Chili (où chacun a son propre bout de jardin, où tout est fabriqué à partir matières recyclées, et où l’enfant est impliqué). Au Chili d’ailleurs, et notamment à Santiago, j’ai découvert énormément de créateurs qui fabriquent des objets à partir de matériaux récupérés, leur donnant ainsi une seconde vie. Je pense par exemple à des lampes industrielles fabriquées à partir de fers de récupération (amortisseurs, bouteilles de gaz, …), des meubles faits à partir de pneumatiques usagés, des bijoux faits à partir de skateboard usagés… C’est fou tout ce que l’on peut faire ! En plus, cela nous permet de cultiver notre créativité !

✏ À ce sujet, lire les deux portraits inspirants sur le blog de Pascale :
Ensieh, portrait d’une cyclo-guide iranienne
Benjamin, portrait d’un pratiquant Hare Krishna bolivien

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Pensez-vous que tous les habitants de notre belle planète soient sensibilisés au même niveau aux enjeux environnementaux ?

Non absolument pas. Je me rappelle lorsque je voyageais en bateau sur l’Amazone, je voyais des enfants jeter des bouteilles en plastique dans le fleuve, c’était presque un jeu pour eux de les voir partir au loin, et les parents ne disaient rien. À ce moment-là, je discutais avec une fillette en lui demandant si elle aussi faisait cela, et elle m’a répondu que non, que ce n’était pas bien. Je l’ai encouragée à continuer. Tous ne sont pas sensibilisés au même niveau car ils n’ont tout simplement pas le même niveau de priorités. Certains doivent avant tout penser à se nourrir chaque jour, la protection de l’environnement est donc loin d’être leur préoccupation principale.

Quels étaient les objectifs de ce voyage ?

Les raisons d’être de ce voyage ont été au départ personnelles ; l’envie de me dépasser en partant voyager seule, loin et longtemps et d’aller à la rencontre de l’autre, ne compter que sur moi-même, être totalement maître de mon temps et de comment j’allais l’employer. Mais surtout me retrouver, me connaître davantage. Avant de partir pour ce voyage, j’avais l’impression que ma vie ne m’appartenait plus vraiment dans un sens, que j’étais en mode « pilote-automatique ». Ma vie parisienne finissait par m’étouffer – mais loin de moi l’idée de vouloir faire une mauvaise pub à Paris ! Paris est une ville magnifique et elle regorge de belles initiatives ! Mais j’avais besoin de retrouver un sens à ma vie, de trouver mon chemin personnel… Je voulais également me consacrer à apprendre sur l’environnement et aider dans des volontariats environnementaux. Donner un sens à mon voyage était pour moi fondamental. Je voyais cette année comme une année « tremplin », pour me dédier ensuite à mon projet professionnel lié à l’environnement.

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Quel est ce projet professionnel ?

Dans les grandes lignes, l’idée est de connecter les projets et experts environnementaux du monde entier pour qu’ils bénéficient des retours d’expériences des uns et des autres, partager leurs connaissances et proposer des formations en ligne sur des thématiques environnementales. Et comme en voyageant nous découvrons de nombreuses initiatives, nous pouvons peu à peu créer ce réseau, mais il nous faut aussi une équipe pour faire croître le projet. Notre objectif est de voyager dans toute l’Amérique du Sud, puis de rejoindre peu à peu l’Alaska ! Mon voyage a donc pris une tournure différente ; il est à durée indéterminée à présent !

Que retenez-vous de ces grands chamboulements de plans ?

J’ai appris qu’il est bon de vivre l’instant présent intensément, c’est une des clés du bonheur, vraiment. On a parfois tellement la tête dans le guidon qu’on mentalise son projet au lieu de le ressentir, sans vraiment s’écouter ou savoir s’il est fait pour nous. Pour moi, ce fut une révélation. Mais c’est un long processus et j’y travaille encore. En partant en voyage, je me souviens que ma petite voix me disait que j’aimerais voyager plus longtemps, faire du voyage un style de vie. Mais je voulais garder un pied dans ma zone de confort et conserver mon emploi. À ce moment-là, je n’étais pas prête à m’écouter réellement. Aujourd’hui je le suis, notamment grâce à ma rencontre avec Sebastián, mon compagnon actuel, qui a la même vision et les mêmes envies que moi. Il faut vraiment partir de soi, de ses envies, de son choix de mode de vie pour réaliser ses projets et se poser la question de ce qui nous rend heureux. Il ne faut pas toujours voir grand, et ne pas sous-estimer ces « petites » choses au quotidien qui peuvent nous combler de bonheur. Il y a cette fameuse phrase dans la chanson « Fix you » de Coldplay qui dit « When you get what you want but not what you need » laisse à méditer… Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas avoir des projets, des objectifs, au contraire c’est tout à fait sain, mais les évènements de la vie nous emmènent parfois là où on ne l’aurait jamais soupçonné, pas même une seconde ! Et il faut savoir s’adapter, être flexible et éventuellement envisager les choses un peu différemment sans perdre de vue ses objectifs.

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Ce voyage a renforcé ma patience, ma débrouillardise, le fait qu’il y a toujours une solution, et que quoi qu’il arrive on ne peut pas s’endormir sur ses lauriers, qu’il faut avancer, d’autant quand on voyage seule, on ne peut compter que sur soi-même ! Pas le temps de se plaindre, il faut se concentrer, réfléchir et agir. Nous sommes beaucoup plus que ce que nous vivons au quotidien, nous avons la capacité d’ouvrir le champ des possibles. La vie est une infinité de possibilités et j’aime jouer avec ces possibilités offertes. En cela, elle peut vraiment être magique, nous avons le pouvoir d’être le magicien de notre vie. Quand on a des convictions, il ne faut pas laisser de côté cela, il faut foncer. Je le répète souvent, nous n’avons qu’UNE seule vie, rien que pour cette raison, cela vaut le coup de tout donner, de vivre ses rêves. J’ai eu souvent des moments de doutes et de peur, mais cela m’a fait évoluer, changer. Le changement fait partie intégrante de la vie, il ne faut pas en avoir peur, c’est notre allié qui nous aide à mieux nous connaître, à nous challenger et à nous dépasser. La vie, c’est une succession de choix pour atteindre son vrai soi, son soi authentique épuré de, comme je les appelle, nos bagages familiaux, éducatifs, sociaux, nos schémas qui nous sont dictés dès la plus tendre enfance. Il faut se défaire de cela, j’en suis convaincue. La route vers son chemin de vie, n’est-ce pas cela qui nous maintient vivant ?

Le voyage à visée environnementale de Pascale

Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 3 octobre 2023.

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