Voyager avec un problème de santé ou un handicap, c’est possible ?

Les problèmes de santé, tout comme le handicap, savent malheureusement être un frein à certaines choses dans la vie des personnes touchées. Il n’y a aucune réponse toute faite à la question que pose le titre de cet article, car tout dépend des problèmes ou du handicap en question, mais également de la capacité de la personne à gérer les choses et les événements, à sa façon de voir la vie et sa maladie (et/ou de son handicap), et à – bien entendu – l’intensité de son envie de voyager. Voyager en ayant des problèmes de santé ou un handicap est un sujet qui peut sembler sensible, c’est en tout cas un sujet qui appartient à chacun, dans la mesure où il/elle peut se sentir concerné(e). Nous n’aurions pu parler à la place de ceux qui ont décidé de ne pas refouler leurs envies les plus profondes au nom du handicap et de la santé, et c’est pour cette raison que nous avons construit cet article autour de leurs expériences de voyages, à chacun. Et nous remercierons en tout premier lieu, Audrey, une voyageuse sympathique, souriante, drôle, positive et curieuse, qui voyage avec son fauteuil roulant électrique et dont la (merveilleuse) rencontre a inspiré cet article.

Audrey lors de son voyage au Vietnam en 2015
Audrey, lors de son voyage au Vietnam en 2015

Audrey a 26 ans, elle a la maladie de Charcot-Marie-Tooth qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant électrique, un petit bolide qui a pris plus de fois l’avion que certains d’entre nous. Audrey n’est pas du genre à se laisser décourager par la vie, bien au contraire, et sa détermination les a menés, elle et ses roulettes, de l’Asie aux Amériques en passant par de nombreux pays d’Europe. Audrey tient le blog Roulettes & sac à dos, sur lequel elle raconte, avec une plume bien affutée et non sans humour, ses voyages et les petites anecdotes qui l’accompagnent. Si elle en profite pour sensibiliser chacun quant aux problématiques d’accessibilité en voyage et même en France, elle rassure et encourage, en partageant son expérience, les personnes qui vivent des situations similaires à la sienne et qui pourraient avoir peur d’oser le grand saut de l’escapade dans l’Ailleurs. Ce que nous offre Audrey à travers son blog, c’est une petite bouffée d’air frais et une grande bouffée d’espoir, qui contribuent à nous faire dire que voyager avec un handicap, oui, ça peut bel et bien être possible.

Audrey lors de son voyage au Québec en 2016
Audrey, lors de son voyage au Québec en 2016

Audrey a d’ailleurs, sur son blog, interviewé Florian, un jeune homme diabétique qui a voyagé 11 mois en solitaire autour du monde. Voyager aussi longtemps quand on est insulinodépendant, cela peut sembler être de la folie, mais comme le dit Florian dans l’interview, « un bon moral est très important dans la gestion du diabète ». Il ajoute, s’adressant aux autres personnes diabétiques qui pourraient souhaiter faire la même chose que lui : « Une fois que vous serez parti, libre comme l’air, et que vous vous rendrez compte que la maladie n’est pas parvenue à vous freiner dans vos projets, alors, vous vous sentirez bien et cela pourrait se ressentir sur votre diabète. Quand on est jeune, on s’imagine tel Robinson Crusoé, ou comme un aventurier parcourant le globe, puis on se dit qu’avec le diabète, on ne pourra jamais faire ça ! J’ai voyagé 11 mois en me faisant 4 injections d’insuline par jour, et tout va bien ! ». Cette énergie tenace et ce positivisme à toute épreuve nous permettent d’affirmer que oui, voyager avec des problèmes de santé, ça peut effectivement être possible.

Florian durant son étape en Équateur, pendant son tour du monde
Florian, durant son passage en Equateur

Parmi les témoignages qu’Audrey a mis en ligne sur son site, il y a également celui de Jocelyn, un jeune homme traumatisé crânien suite à un accident. Si « le ciel lui est tombé sur la tête », comme il le dit, suite à cet accident qui l’oblige désormais à se déplacer en fauteuil roulant, sa vie a changé lorsque son frère, 8 ans après l’accident en question, l’a emmené avec lui en voyage aux États-Unis. « Ce voyage est une grosse claque pour Jocelyn. Après huit longues années, il se passe enfin quelque chose de positif ! » explique Audrey ; « Il a envie de voyager et il s’aperçoit que même avec son handicap, c’est possible ! Alors plus tard, Jocelyn part avec sa copine 3 semaines à Rio : “pas très accessible, mais ça le fait !”  Ils y retourneront d’ailleurs pendant 2 mois et demi, avant de continuer leur voyage en Argentine. » Suite à cela, Jocelyn a eu l’excellente idée de créer « un guide de voyage pour personnes à mobilité réduite » ; Audrey explique alors : « Il contacte alors des maisons d’éditions pour leur soumettre son idée. Leur réponse est ferme : “Il y a trop de handicaps différents. C’est trop compliqué.” Ne rien faire est plus simple, c’est certain… ». Mais Jocelyn ne se décourage pas et créé la plateforme web collaborative Access Trip, qui permet à chacun de partager ses expériences à l’étranger en matière d’accessibilité. L’histoire de Jocelyn, sa découverte du voyage, et son superbe projet Access Trip ne peuvent que nous confirmer, là encore, que voyager avec un handicap, c’est possible !

Jocelyn lors du fameux voyage aux États-Unis avec son frère
Jocelyn, lors de ce fameux voyage aux Etats-Unis avec son frère

Et d’autres nous le confirment encore, comme ces parents qui veulent rendre le quotidien de leur enfant le plus beau et le plus « normal » possible ! Il y a Camille, une petite fille québécoise atteinte du syndrome de Turner qui est partie avec sa maman en 2011 pour un voyage à travers le Canada, les États-Unis, le Mexique, le Guatemala, le Honduras, le Salvador, et le Costa Rica. Elle avait 6 ans à l’époque. Malheureusement, le blog de leur projet Voyager pour grandir n’est plus actif ; on y comprenait l’origine du projet, admirablement mené par la Maman Valérie.

Camille, sa maman Valérie et leur super van Gina

Mais il y a également cette famille de 5 qui voyage à vélo chaque été depuis 2 ans maintenant ! Ils ont créé leur blog, 3 ti-gars à roulettes, et ont récemment répondu à une interview sur le site Voyage Family (Edit : l’interview a été supprimée depuis l’époque où cet article a été rédigé), abordant le sujet du handicap de leur fils aîné, Quentin. Cette surprenante famille a réussi a dégotter LE vélo idéal pour que Quentin, handicapé moteur depuis sa naissance, puisse profiter du voyage autant que ses frères et partager la même activité sportive, sans distinction aucune. Dans l’interview, ils expliquent : « [Ce vélo] permet d’avoir une personne à l’arrière (le papa en l’occurrence), qui pédale, guide et freine, et une personne couchée à l’avant qui pédale également. […] Depuis que nous avons trouvé le mode de voyage qui nous convient avec un enfant handicapé moteur, nous ne rêvons que des prochains itinéraires que nous pourrions faire ensemble, en famille. »
Ces familles, exemples à suivre que l’on soit grand, petit, en bonne santé ou non, impose le respect et l’admiration et viennent nous prouver qu’une fois de plus, voyager avec un handicap, même lourd, ça peut être réellement possible !

Quentin et sa famille sur le super vélo
Quentin et sa famille, accompagnés de leur super vélo

Et qu’en est-il de nos 5 sens, lorsque l’on nous dit qu’en voyage, ils sont indéniablement en éveil, en permanence ? Peut-on voyager s’il nous en « manque » un ? Cela peut sembler improbable, et pourtant… Pourtant, Stéphanie du blog 2 hands 1 backpack (Edit : le site a été supprimé depuis l’époque où cet article a été rédigé), voyage seule un peu partout sur la planète en étant sourde. Elle baroude depuis 2012 à travers l’Amérique centrale, l’Asie du Sud-Est, la Chine, les Caraïbes, l’Océanie, mais aussi l’Europe ; pour elle, « tous les moyens sont bons pour communiquer : les mimes, signes, papier, sable, etc… Dans certains pays, en Asie du Sud-Est par exemple, les gens sont plutôt réceptifs au langage du corps ». N’est-elle pas en train de nous démontrer que de voyager avec un handicap, cela peut réellement être possible ?

Stéphanie durant l'un de ses voyages, ici au Honduras
Stéphanie, durant l’un de ses voyages, ici au Honduras

Jean-Pierre, aveugle depuis ses 15 ans, n’aura de cesse pendant toute sa vie « de se prouver que la cécité n’est pas un obstacle aux découvertes et aux rencontres » ; c’est ce que nous dit la quatrième de couverture de son livre Aller voir ailleurs, dans les pas d’un voyageur aveugle, dont on peut retrouver toutes les informations sur son blog L’illusion du handicap. À travers ses écrits, Jean-Pierre contribue à nous démontrer que tout est possible.

Jean-Pierre... et les rencontres qu'offre le voyage !
Jean-Pierre

Nous ne pourrions pas clore cet article sans faire un petit clin d’oeil à Virginie, une voyageuse Zip World en rémission d’un cancer du sein, que nous avions interviewée sur notre blog en 2014. Elle avait eu ces mots : « Il y a 3 ans je ne courrais plus, je ne marchais plus, je ne faisais plus rien. Je me suis alors dit que si ça [son projet de voyage, NDLR] pouvait donner un peu d’espoir à une femme qui regarde et qui se dit « ah bah merde, il y a 3 ans elle ne marchait plus et aujourd’hui elle va gravir un volcan ! », alors pourquoi pas… Je veux démontrer qu’après un cancer, la vie ne s’arrête pas. On peut encore réaliser ses rêves. Il faut se battre et ne surtout rien lâcher. »
Nous laisserons le mot de la fin à Virginie avec cette dernière phrase si importante et si précieuse, et remercions tous ces voyageurs inspirants et inspirés par leur admirable envie de vivre, à fond.

Virginie et son ruban rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein
Virginie et son ruban rose, symbole de la lutte contre le cancer du sein

Crédit photo à la une : Corinne Stoppelli

Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 30 octobre 2023.

4 commentaires

  1. Bonjour,
    Merci pour cet article ! Je suis diabétique traitée par pompe à insuline et ça ne m’a jamais empêchée de voyager. Voyager avec une maladie se prépare un peu, demande un peu d’organisation,et prend un peu de place dans la valise mais il ne faut pas se décourager, tout ou presque est possible !
    Mon grand-père est aveugle et pourtant tout aussi accroc aux voyages qu’il continue à faire à 80 ans passés !

  2. Un article qui fait du bien, qui montre que nous ne sommes pas notre maladie !!
    moi je me traîne une néphropathie (sur rein unique)et de l’hypertension artérielle sous traitement depuis toute petite … ça ne m’empêche pas de voyager, j’ai juste toujours un peu l’angoisse de perdre mes médicaments, donc je divise les boites au cas où un sac soit égaré ; et j’ai des ordonnances en cas de super urgence ou super fouille à l’aéroport !! C’est vraiment le seul truc pénible. Parce que sans traitement à l’autre bout du monde, ce serait bien la misère ! Sinon c’est surtout la famille qu’il faut rassurer à chaque départ … mais ils commencent à s’habituer 🙂

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