Chers voyageurs,
Soyons d’ores et déjà tout à fait clairs ; vous ne trouverez pas ici un mode d’emploi sur le thème « se faire sponsoriser pour partir en voyage ». Ce n’est pas que nous trouvions l’idée du sponsoring nécessairement mauvaise, ce n’est pas que l’on soit « contre » non plus, en fait, notre avis est bien plus nuancé que cela.
Depuis que quelques projets de voyage sponsorisés se sont fait particulièrement remarquer sur la toile – et ailleurs – de nombreux voyageurs voient en un sponsor la solution magique pour ne pas payer son voyage. Effectivement, cela peut être la solution, mais à quel prix ?
N.B. : Les sponsors ayant investi 100 ou 200€ pour la présence de leur logo sur le blog du voyageur ne sont pas concernés par cet article ; on fait davantage allusion aux sponsors qui prennent en charge la totalité – ou une part importante – des frais engendrés par le voyage.
Avoir un projet solide
C’est le premier point. Le point de départ. Aucun sponsor ne répondra à l’appel s’il s’agit juste de nous payer des vacances aux quatre coins du monde (dommage, oui). Un projet de voyage sponsorisé est, comme son nom l’indique, un projet. C’est-à-dire qu’il y a une visée, un but, un objectif à ce voyage, autre que juste « prendre des vacances ». Le sponsor doit voir en nous un moyen original de pouvoir toucher une nouvelle cible (les gens qui nous suivent), de communiquer sur ses produits, sur sa marque. En bref, d’avoir un retour sur investissement.
Être prêt à devoir rendre des comptes
Lorsque c’est une tierce personne (en l’occurrence là, pas notre mère ni notre grand-mère…) qui finance le voyage, c’est elle qui, quelque part, tient les rênes, qu’on le veuille ou non. On le sait, en voyage, l’argent, c’est presque le nerf de la guerre, même si certains se vantent de pouvoir voyager avec presque rien.
Devoir justifier de l’utilité que l’on fait de notre argent peut vite devenir un brin agaçant, même si tous les sponsors ne sont pas si tatillons ; mais bien évidemment, le degré de « tatillonage » dépend grandement du montant que le sponsor a investi dans notre voyage. Ce sera la même chose pour les lieux de visites et les activités, un sponsor ne se gênera jamais pour donner son avis ; quoi de plus frustrant que d’aller à gauche alors que l’on brûlait d’envie de se rendre à droite ? Il faudra donc dealer avec le fait que l’on ne peut plus être le seul décisionnaire, et dans certains cas, plus décisionnaire du tout.
Savoir répondre aux envies du sponsor
Nous en arrivons tout naturellement au point suivant. Si le sponsor a investi beaucoup d’argent, il peut décider qu’il est plus vendeur pour lui que nous allions dans une direction plutôt qu’une autre, que nous prenions tel type de photos à tel endroit, que nous mettions en valeur des marques, des produits, ou des services, et même si ces ententes-là ont pu être faites avant le départ, cela prend généralement une toute autre dimension une fois, sur place, en voyage.
Respecter des délais
Qui dit demandes, dit délais. Et qui dit délais, sous-entend bien souvent une bonne connexion Internet pour pouvoir être dans les temps ! Nul besoin de développer à outrance ce point-ci, on comprend très vite où nous voulons en venir… Déjà que le décalage horaire n’aide en rien, si en plus le Wifi ne coopère pas, on entre très rapidement dans un état de stress dont on se passerait bien. A-t-on quitté notre vie européenne pour se replonger face à notre ordinateur, face au célèbre « Y’a rien qui marche ! », à l’agacement, à l’impatience, à l’énervement, à l’anxiété, aux échanges d’e-mails qui se terminent par « cordialement » ?
Apprendre à abandonner ses valeurs au profit de celles du sponsor
Pas de secret, si notre personnalité s’efface, si nos envies sont mises de côté, si nos valeurs doivent se tenir à l’écart car le sponsor est très (trop ?) présent, c’est lui qui prendra la parole en notre nom. Et cela peut devenir problématique si l’on ne partage pas les mêmes opinions… C’est là que l’importance de choisir correctement notre sponsor se révèle (voir paragraphe suivant). Le voyage les dévoile mieux que n’importe qui, nos opinions. C’est grâce au voyage que l’on aiguise, souvent, notre sens critique, nos grandes théories sur l’Humain et sur le monde qui nous entoure. En fait, en voyage, on a bien souvent l’envie et le besoin de s’exprimer, et de le faire en notre nom, librement, sans aucune contrainte, parce que la liberté ressentie sur les routes du monde a fatalement un impact sur notre liberté d’expression.
Mais…
Voyager avec un sponsor peut se faire dans de bonnes conditions si l’on est averti de ce que cela comprend et sous-entend à tous les niveaux. Mais LA chose à ne pas faire, est de prendre la décision de se faire sponsoriser pour la plus mauvaise des raisons, à savoir « je veux faire un voyage, et je n’ai pas d’argent » ; car ici, le moteur premier est l’envie de voyage, d’évasion, d’ailleurs, l’envie de vivre autre chose. Il convient alors de prendre la décision de voyager et de choisir un sponsor qui partage notre vision du monde, nos opinions, nos valeurs, et qui surtout, nous fait suffisamment confiance pour nous laisser faire nos propres choix dans le respect mutuel indispensable à la bonne réussite du projet.
Partager les mêmes valeurs permet de ne pas avoir peur de s’exprimer en son propre nom ET au nom du sponsor, cela permet d’avancer dans la même direction, de ne pas avoir l’impression d’avoir « des devoirs à rendre ». Partager les mêmes valeurs permet de se sentir soutenu, épaulé, accompagné, et chacun y trouve finalement son compte.
En bref, faire appel à un sponsor pour financer son voyage est souvent vu comme une solution miracle à la problématique de l’argent, mais en plus d’être difficile à mettre en place, cela est loin de convenir à tout le monde pour les raisons que l’on a évoquées plus haut. Rien n’est impossible, de beaux exemples de voyages sponsorisés ont vu le jour, mais pour en arriver là, il faut travailler fort pour faire en sorte d’être un voyageur qui voyage avec un sponsor, et non un voyageur baladé par un sponsor.
Crédit photos :
/ Foter / CC BY-NC-ND