Interview voyageurs – Laurence et Patrice : Voyager à 60 ans (presque) comme à 30 !

Laurence et Patrice ont quitté leur Suisse natale il y a un peu plus de 6 mois pour aller voir ailleurs ce que la Terre voulait bien leur montrer. Ensemble, ils ont baroudé en Asie, en Océanie et en Amérique du Sud. Pour leur billet d’avion, ils ont choisi l’itinéraire suivant avec Zip World : Lyon – Bangkok – Auckland – Santiago // Buenos Aires – Lyon. Récemment rentrés, ils reviennent sur leur expérience de voyage en long cours.

Bonjour Laurence et Patrice ! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Patrice : Ma Voyageuse Préférée, Laurence, a fêté ses 60 ans en Nouvelle Zélande en février de cette année. Elle est éducatrice sociale dans un centre pour personnes toxicodépendantes. Passionnée dans tout ce qu’elle entreprend, dont son job, elle affectionne tout particulièrement les voyages. C’est une organisatrice méticuleuse hors pair ! La photo, le cinéma, et la musique en particulier, sont ses meilleurs dérivatifs. Elle aime également se défouler sur les pistes de ski ou sur son vélo. Elle aime la liberté, l’aventure, par opposition aux contraintes et aux obligations du quotidien.

Laurence : Patrice, le Tendre Bohémien qui partage ma vie, a 62 ans et n’a plus tous ses cheveux ! Il est indépendant, travaille seul, dans la construction et la rénovation de bâtiments. Il aime se présenter comme un artisan du bâtiment. Il pratique plusieurs sports en petit amateur : voile, vélo, ski. La musique occupe une place importante dans ses loisirs. Il aime retrouver ses guitares quotidiennement. Ce fut un grand bonheur pour lui de pouvoir, à notre retour, pincer les cordes après six mois de disette ! Patrice est également, contrairement à moi, l’ami des bêtes ! Il est sans conteste très à l’aise avec le règne animal, ce qui est loin d’être mon cas. La photo, le cinéma et bien sûr les voyages, le passionnent également.

Voyager à 60 ans : Patrice et Laurence en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande

Quel fut votre parcours exact ?
Nous étions en Asie de novembre à février et avons parcouru : le Myanmar (Mandalay, Bagan, Kalaw, Lac Inle, Mawlamyaïne, Kinmon, Yangon) ; le Laos (Luang Prabang, Vang Vieng, Vientiane, Pakse et plateau des Bolovens, les 4000 iles) ; le Cambodge (Siem Reap, Battambang, Phnom Penh, Kep, Kampot, Sihanoukville) ; la Thaïlande (8 jours qui se sont greffés en cours de route : Trat, île de Koh Chang).

Ensuite, nous étions en Océanie pendant un mois et sommes allés en Nouvelle-Zélande (Auckland, île du Nord, île du Sud).

Nous avons fini en Amérique du Sud, de mars à mai : d’abord au Chili (Santiago, Valparaiso, San Pedro d’Atacama et son désert) ; puis Bolivie (Sud Lipez et le Salar d’Uyuni, Potosi, Sucre) ; et enfin Argentine (Salta et ses vastes environs, Cordoba, Buenos Aires, El Calafate, El Chalten et Iguazu).

Voyager à 60 ans : Patrice et Laurence au Chili
Au Chili

Comment avez-vous défini votre itinéraire ? Étiez-vous d’accord dès le départ sur les endroits à voir ?
Le souhait premier était de passer « un été à l’heure d’hiver » ou plus précisément d’échapper aux frimas suisses. Ça nous a déjà permis de fixer plus ou moins la période du départ, de sélectionner les régions du globe qui seraient au chaud et ensuite de décider dans quel sens nous allions partir. Mais, la planète est vaste, et même si c’est tentant, on ne peut pas aller partout, faute de quoi on fait du touche à tout. Ce n’était pas notre désir, nous voulions pouvoir nous imprégner de ce que nous visitions sans stress.

Si quelques pays nous tenaient à cœur (Myanmar, Nouvelle Zélande, Chili), il a bien fallu faire des choix, y aller par élimination et également tenir compte du budget que nous avions à disposition. Dans l’ensemble, le choix des pays s’est fait assez naturellement pour nous contenter tous les deux. Nous tenions également à ce que nos déplacements puissent se faire en transports locaux pour une imprégnation totale et aussi pour plus de liberté d’action.

D’où vous est venue l’idée de faire un voyage de 6 mois autour du monde ?
Si l’envie, le rêve de partir parcourir le vaste monde existe depuis longtemps et que nous pensions partir au moment de notre retraite, c’est véritablement en 2014, suite à un voyage en Islande en camping-car et un autre d’un mois en Thaïlande, que la graine a réellement pris racine. Nous avons donc décidé de faire ce voyage dans un futur proche et de profiter d’être tous les deux encore en très bonne santé. Et puis, il y avait aussi le besoin de faire un break, de prendre du temps pour nous, de vivre autre chose ailleurs et différemment !

Cependant, avant de nous plonger réellement sur le projet et d’y mettre de la couleur, il était important que Laurence puisse obtenir de son employeur un congé non payé, ce qui n’a posé aucun problème et qui a même été encouragé. De son côté, Patrice étant son propre chef, il suffisait qu’il s’organise avec ses chantiers.

Voyager à 60 ans : Patrice au Cambodge
Au Cambodge

Avez-vous toujours été de grands voyageurs ?
Nous avons eu la chance de pas mal voyager dans nos vies respectives, que ce soit en Europe ou à l’autre bout du monde. Depuis une dizaine d’années que nous nous connaissons, l’envie de voyager n’a pas tari. Dès que l’occasion se présente, que ce soit pour une ville d’Europe ou pour des vacances, nous partons. Partir six mois, c’était la première fois pour tous les deux.

Comment ont réagi vos proches à l’annonce de ce long voyage ?
Nos enfants, nous connaissant bien, n’ont pas été tellement étonnés du projet. Ils l’ont reçu avec enthousiasme et en se réjouissant d’avoir notre âge pour en faire de même. Nos amis ont trouvé l’idée magnifique et que nous avions raison de profiter. Le plus difficile a été de convaincre nos parents. Agés entre 82 et 89 ans, l’idée que l’on soit absents si longtemps et si loin, les angoissaient beaucoup. Il leur a fallu du temps pour accepter et se réjouir réellement pour nous. Afin de les sécuriser, nous avons pris la peine de leur installer WhatsApp sur leur portable, et de les initier à cette application avant notre départ. Bien que dubitatifs sur le fait que nous allions pouvoir nous téléphoner, échanger des photos et qu’ils pourraient nous suivre dans notre périple, il ne leur a pas fallu longtemps après notre départ pour s’apercevoir que c’était vrai et du coup, ils n’ont pas vu passer ces 6 mois !

Voyager à 60 ans : Laurence au Myanmar
Au Myanmar

Quel type de voyageurs êtes-vous ? 
Nous aimons l’aventure et l’improvisation. D’une manière générale, nous partons avec un billet d’avion en poche, un guide de voyage, parfois une voiture de location réservée à l’avance et on improvise sur place. Si nous avons l’habitude de voyager léger, un effort supplémentaire a été nécessaire pour ce périple de 6 mois. C’est donc avec un sac à dos de 50 litres pour Laurence et un de 60 litres pour Patrice, qui pesaient respectivement 11kg et 14kg, que nous sommes partis.

L’importance du confort pour nous se limite à un lit (si nous avons la chance qu’il soit confortable et douillet, c’est super !), que l’on puisse se doucher et que ce soit propre. Dans la mesure du possible, nous essayons de trouver une chambre avec salle de bain, ce qui n’a pas été toujours le cas lors de notre voyage de 6 mois.

Quelle fut votre organisation d’un point de vue logistique au cours de ces 6 mois ?
Après avoir établi les pays que nous voulions visiter, nous avons étudié le parcours souhaité dans les guides de voyage, lu pas mal de blogs (c’est du reste sur les blogs de voyage que nous avons découvert l’existence de Zip World) et nous en sommes vite arrivés à la conclusion que nous n’avions besoin que de 4 vols inter-continents. Tout le reste pouvant s’improviser avec les transports locaux en cours de route au gré de nos envies.

Voyager à 60 ans : Patrice au Myanmar
Au Myanmar

Les seules réservations faites avant notre départ sont une chambre d’hôtel à Bangkok le soir de notre arrivée, 3 nuits à Mandalay (première étape de notre voyage), la location d’un petit bus pour visiter la Nouvelle Zélande, et un vol low cost Bangkok-Mandalay et Yangon-Luang Prabang, car l’ambassade du Myanmar en Suisse exigeait une copie d’un billet d’avion entrée-sortie du pays pour l’obtention du visa. Tout le reste a été improvisé en cours de route.

Les transports locaux ont été nos meilleurs alliés. Bus (y compris bus de nuit), bateau, train (au Myanmar, certainement le train le plus lent du monde : 3h pour faire 50 km !), voiture de location, jeep (lors d’une expédition dans le Sud Lipez et le Salar d’Uyuni), scooter, vélo, et à pied bien entendu.

Pour les hébergements, nous avons fait les réservations à mesure de notre avancement, ceci par confort pour nous. Nous n’avons plus l’âge d’arriver dans un endroit, sac sur le dos, et de faire le tour des guesthouses, des auberges de jeunesse pour trouver un lit.

Voyager à 60 ans : Patrice et Laurence en Bolivie
En Bolivie

Quels sont vos meilleurs souvenirs de voyage ?
Oh là … y’en a tellement ! Le voyage en lui-même est et restera un souvenir inoubliable. Les moments les plus enrichissants sont certainement les rencontres faites tant avec des locaux qu’avec des voyageurs en solo, en famille, jeunes et moins jeunes durant tout notre périple. Ces moments de partage que ce soit en pleine rue, sur un marché, dans une gare ou autour d’une table, que du bonheur !

Sans vouloir dénigrer les pays visités, s’il faut décerner des palmes, le Myanmar nous a conquis tant par l’accueil et la gentillesse de ses habitants que par la beauté de ses paysages. La Nouvelle Zélande nous a emballés (beaucoup moins les sandflies !) par ses grands espaces, sa nature abondante et préservée, ses paysages diversifiés époustouflants de beauté. Un véritable coup de cœur pour tous les deux. Le désert d’Atacama, le sud bolivien resteront également des moments forts de notre périple.

Voyager à 60 ans : Laurence au Laos
Au Laos

Et puis, y’a tous ces petits riens qui rendent le voyage encore plus authentique : ne plus trop savoir quel jour on est, les douches chaudes promises qui sont souvent froides, flâner dans les rues de Luang Prabang, devoir renoncer au Tongariro pour cause de météo, crever avec le scooter 5km après le départ mais déjà loin de tout, traverser les postes frontières à pied sac sur le dos, la corruption de certains douaniers, partir à la conquête du Fitz Roy sous le soleil pour le trouver dans le brouillard, le souffle court à 5000m d’altitude, le confort des bus au Chili et en Argentine, les décalages horaires, les peurs bleues quand la coquille de noix dans laquelle nous avons embarqué rencontre une tempête ou lorsque le chauffeur de bus s’endort au volant, ne pas pouvoir rester de glace à la vue du Perito Moreno, s’émerveiller devant le vol des condors en Patagonie, goûter à mille saveurs dans les gargotes de rue, et … et…

Vous êtes maintenant de retour en Suisse. Quels sont vos projets pour la suite ?
Voilà 10 jours que nous sommes de retour… après l’euphorie de retrouver tous nos proches, l’atterrissage est malgré tout difficile. Un peu paumés, un peu démunis dans nos journées, ne sachant pas trop comment les occuper tant l’esprit est accaparé par tout ce que nous avons vécu durant 6 mois ! Nous nous y attendions, donc nous ne sommes pas surpris par ceci.

Si nous avons des projets de voyages plein la tête, pour l’heure, il faut prendre le temps d’assimiler, de « digérer » cette magnifique expérience et également nous préparer moralement à reprendre le travail tout bientôt !

Pensez-vous que de faire un tel voyage à 60 ans, cela nécessite une organisation différente qu’à 30 ans ?
Non, nous pensons que l’organisation du voyage est la même. C’est peut-être sur place que l’on peut trouver des différences. À 60 ans, le budget du voyage est certainement moins serré que tous ces jeunes que nous avons croisés. En général, ils dorment en dortoir dans les auberges de jeunesse et nous, dans la même auberge de jeunesse, on s’offre une chambre double. Ils font leurs repas à l’auberge de jeunesse et nous, on mange au resto. Ou encore, après 10h de bus, on se paie un taxi pour nous emmener à notre hébergement réservé quelques jours auparavant. Le jeune de 30 ans, sac sur le dos, part en général à pied chercher un lit. C’est à ce niveau-là que les différences existent.

À un autre niveau, à 60 ans, on ne fait plus 4 jours à deux sur un scooter pour faire le tour du plateau des Bolovens au Laos, on emprunte les transports locaux ou encore on loue un petit bus pour visiter la Nouvelle-Zélande alors que la plupart des jeunes se déplacent en stop ou en voiture de location, dorment sous tente ou dans leur voiture.

Voyager à 60 ans : Laurence en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande

Quels conseils donneriez-vous à des soixantenaires qui souhaiteraient se lancer dans une telle aventure ?
Si l’envie est là, il faut le faire. C’est une expérience unique et inoubliable, une ouverture sur le monde enrichissante à tout point de vue. C’est vivre différemment, plus lentement, plus simplement et ça fait un bien fou ! C’est aussi se rendre compte que nous sommes sacrément bien lotis chez nous. Cependant, il faut prendre le temps de bien préparer son voyage en se documentant, en lisant des expériences d’autres voyageurs. Ne pas avoir d’a priori sur l’éventuelle insécurité que l’on pourrait rencontrer à l’autre bout du monde. Il n’y a pas plus de danger que celui que l’on peut rencontrer à Lausanne, Genève ou en Europe en général.

Voyager léger, avec juste le nécessaire, l’indispensable. S’il manque quelque chose, on trouve tout partout.
Des manières de voyager, y’en a plein ! À chacun de trouver la recette qui lui convient selon ses envies, sa forme physique et son budget. L’essentiel étant d’y trouver plaisir et bonheur !

Et si on dit que les voyages forment la jeunesse, ils entretiennent les moins jeunes !

Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 26 octobre 2023.

8 commentaires

  1. Bravo Laurence et Patrice! C’est bien d’avoir des rêves et quand on peut les réaliser, c’est ce que vous avez fait, c’est encore mieux! J’ai voyagé à travers le monde avec vous, grâce à vos photos et vos messages c’était génial! Ca m’a inspirée et qui c’est… peut-être serais-je la prochaine à sillonner le monde? Affaire à suivre….
    Je vous embrasse.
    Claudia

    1. Merci pour ton p’tit mot ma cop’s de toujours !
      Ce fut également un plaisir pour nous de vous faire partager notre voyage avec nos messages et photos.

      Avec une volée de bisous de nous deux

      Lo et Pat

  2. et bien nous aussi on est plus tout jeunes et on voyage aussi en sac à dos et même à + de 70 ans mon mari a conduit la moto pendant 4 jours sur le plateau des Bolavens !! On ne rêve qu’à une seule chose, repartir sans billets de retour !!!

    1. Bravo à vous !
      Votre message est encourageant … et on espère avoir encore la santé pour pouvoir en faire autant encore longtemps !

      Longue vie à vos voyages sac à dos
      Cordialement

      Laurence et Patrice

  3. A notre retour de notre voyage de presqu’un an autour du monde nous aurions répondu exactement pareil que vous ! Que ce soit la façon de voyager et la vision du voyage on est à 100% sur la même longueur d’onde ! Nous sommes partis à 51 et 53 ans ( de mai 2014 à fin avril 2015, notre blog http://topette.net/ ) et nous repartons fin 2018 pour 5 mois… le plus difficile est sans doute de se décider à partir longtemps mais ensuite, après une bonne préparation, tout roule ! Par contre nous n’avons pas rencontré de couple de notre âge durant le voyage, dommage, la majorité des voyageurs au long cours ont entre 20 et 35 ans.Je vous souhaite plein de beaux voyages encore !

    1. Bonjour Muriel

      Merci de votre message que nous venons de découvrir.

      Notre budget s’est monté à CHF 10’000.–/personne pour les 6 mois tout compris (billets avion Zip World, visas, location bus Nlle Zélande, hébergement, transports, alimentation, loisirs et divers).

      Nous pensons qu’il est possible de s’en tirer avec moins.
      Nos 4 semaines en Argentine ont dépassé largement ce que nous avions prévu. En effet, le taux de change en 2017 n’était en aucun cas favorable pour les touristes (1000 pesos argentins coûtaient
      + ou – CHF 70.–, alors que cette année ces mêmes 1000 pesos reviennent à + ou – CHF 17.–).

      L’Argentine est le pays qui nous a coûté le plus cher puisque nous avons dépensé CHF 4’900.– pour les deux en 4 semaines. Pourtant, nous n’avons pas vécu différemment que dans les autres pays.

      En espérant avoir répondu à votre demande, nous restons à disposition pour tout autre renseignement.

      Cordialement

      Laurence et Patrice

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