L’art de négocier les prix en voyage

Si nous sommes tentés, en France, de croire que le prix affiché sous un produit répond à une logique commerciale implacable et que nous avons bien raison d’y croire, ce n’est malheureusement pas l’objet de cet article. Quoi qu’il en soit, lorsque l’on va acheter quelque chose dans un magasin et que malencontreusement, l’affichette du prix est manquante, voilà le type de scène qui va se produire dans ledit magasin :
Nous : Excusez-moi, combien coûte ce bracelet s’il vous plaît ?
Vendeur : C’est 20€.
Nous : D’accord. Tenez, 20€. Merci. Aurevoir.

En voyage et en particulier dans les pays d’Asie et d’Amérique latine, faire une confiance aveugle à ce que dit le vendeur est une habitude qu’il faudra vite oublier. Bien évidemment, on ne va pas négocier le prix du kilo de tomates dans les supermarchés ou le prix d’un plat dans un restaurant touristique qui était stipulé noir sur blanc sur la carte. Cela s’applique aux objets dans les magasins de souvenirs, aux courses en tuk tuks, rickshaws ou autre moto-taxis (toujours négocier le prix avant d’embarquer !), dans les marchés (nourriture et vêtements), etc. En fait, dès que le prix n’est indiqué nulle part, il faut partir du principe que le vendeur le fixera à la tête du client.

Voici les quelques règles d’or à suivre pour apprendre à négocier les prix en voyage en toute tranquillité et dans le respect !

Règle numéro 1 : Le vendeur ne cherche pas forcément à vous arnaquer

Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que ce n’est pas forcément par manque de respect ou par envie d’entuber son prochain que les vendeurs fixent des prix bien trop hauts. C’est aussi parce que dans bon nombre de pays, le marchandage est une coutume. Sur les marchés, les locaux entre eux négocient les prix, ce n’est pas le propre du relationnel local/touriste.

Règle numéro 2 :  Ne jamais, jamais s’énerver

Si un vendeur propose un prix absolument exorbitant pour l’objet que l’on convoite, inutile de se mettre en colère en lui signifiant que l’on n’est pas né de la dernière pluie. Il est préférable de ne pas lui faire ressentir que l’on est heurté par sa limpide intention de nous arnaquer. Mieux vaut prendre la chose en riant, en montrant très clairement que l’on connaît les prix de ces objets-là dans le pays et que l’on a pas l’intention de payer trois fois la somme. Puis, s’éloigner doucement. Dans deux cas sur trois, le vendeur nous rattrapera en baissant son prix.

Règle numéro 3 : Ne surtout pas dévaloriser l’objet convoité

La phrase si facile du touriste en colère aurait vite fait de sortir en cas d’exagération du vendeur : « QUOI ? 2000 roupies ? Mais ça les vaut pas ton truc ! Je t’en offre 300. » Une malheureuse phrase comme celle-ci et c’est le drame ; on vexe à tous les coups le vendeur en lui stipulant que son produit est d’une qualité absolument déplorable, et c’est fini, autant considérer que la négociation s’arrête là ! Et puis de toute façon, soyons logiques, si ce produit est de piètre facture, pourquoi vouloir l’acheter, hein ?

Règle numéro 4 : Prendre le marchandage comme un jeu

Parce que c’en est un. Pour le vendeur en tout cas. Et c’est en prenant les choses à la légère, avec le sourire, sans agressivité, et dans une ambiance bon enfant que la négociation arrivera à son terme sans trop léser l’acheteur, qui de toute façon ne payera jamais réellement le prix qu’aurait payé un « local ». Mais soyons réalistes, un « local » n’achèterait pas un cendrier en terre-cuite ou un porte-clé en lama.

Règle numéro 5 : Se lancer dans l’arène

Une fois que les règles précédentes sont respectées, il est temps de se lancer. Le vendeur propose 800 bahts pour ce joli pantalon thaï ? Il convient alors de lui en proposer 400 ou 450. Il prendra l’air étonné/désolé/agacé et annoncera 700. On ne sort pas de l’arène, on fait mine de réfléchir et on s’aventure à proposer 550. A priori, il devrait proposer 600 ou 650 avec le sourire. A nous de décider si l’on accepte ou non.

Règle numéro 6 : Accepter quoi qu’il arrive les règles du jeu

Être visiteur dans ces « pays où les prix ne sont pas toujours affichés », c’est aussi accepter que l’on n’obtiendra pas toujours le prix que l’on souhaitait initialement. Il est important aussi d’apprende à lâcher prise et de ne pas négocier pendant 35 minutes au risque d’énerver son interlocuteur. Parfois, si le vendeur est un peu dur à cuire, il suffit de s’en aller et de tenter sa chance dans une autre boutique ou dans un autre stand.

Règle numéro 7 : L’arme secrète…

Dans le cas d’une négociation un peu difficile (on voudrait payer 500 et le vendeur en réclame 600), il existe une arme secrète, celle de brosser le vendeur dans le sens du poil. Pour cela, c’est très simple, il suffit d’abonder dans son sens lorsqu’il nous expliquera à quel point l’objet qu’il s’apprête à nous vendre est formidable et indispensable à nos vies… En ajoutant seulement, que malheureusement, on a budget bien précis par jour et qu’aujourd’hui, il ne nous reste que 500 pesos pour s’offrir cet splendide objet… Et que ce serait vraiment chouette s’il pouvait faire un petit geste. Cela fonctionne bien souvent, et on en repart satisfaits tous les deux ; lui pour avoir eu le sentiment de nous « aider » un peu, et nous, en acceptant quoi qu’il en soit de l’« aider » tout autant en payant 500 pesos ce qu’on aurait peut-être pu payer 450 trois stands plus loin. Mais ça, ça fait aussi partie de la magie de la négociation. Et du voyage.

Crédit photo à la une : Weiqi Xiong 

Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 4 octobre 2023.

2 commentaires

  1. Génial cet article et ô combien réaliste !! Après maintenant 4 mois en Asie, on ne peut qu’être d’accord avec tout cela ! Un peu dur au début de se mettre dans le bain et puis on se rend vite compte que l’on n’a pas le choix et ça devient comme un jeu (certes un peu épuisant parfois quand il s’agit de négocier des broutilles que l’on a juste envie de payer le prix juste) !

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