Amandine et Alice figurent parmi les voyageurs Zip World les plus jeunes (sans compter les enfants voyageant autour du monde avec leurs parents, entendons-nous bien !). Elles figurent également parmi les voyageurs Zip World les plus audacieux, et pour cause, ces deux jeunes filles de 22 et 23 ans ont entamé un tour du monde en septembre dernier, à la découverte des innovations de notre belle planète ! Des incubateurs de startups à Manille aux plus chouettes espaces de coworking du Vietnam, elles traversent le globe d’est en ouest, découvrant ce que les entrepreneurs d’ailleurs font de beau et d’astucieux. Avec Zip World, elles ont choisi l’itinéraire suivant, désireuses de rester très flexibles une fois arrivées sur chaque continent : Paris – Jakarta // Manille – Rio de Janeiro // Buenos Aires – Paris. Puisqu’il s’agit de tronçons très longs, elles avaient bien sûr des escales. Dans chaque pays, elles privilégient donc les transports locaux et le stop.
Bonjour Amandine et Alice, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Nous sommes des amies d’enfance. Nous avons commencé à voyager ensemble après le bac, et notre voyage en Europe de l’Est en sac à dos a marqué le début d’une longue aventure. Nous avons eu envie d’aller plus loin, plus longtemps. D’où l’idée d’un tour du monde des innovations, ensemble. Nous sommes en école de commerce en Master de Marketing digital (Alice), et en droit à l’Université de Nanterre (Amandine). Après une année de master en droit international, nous avons décidé de prendre une année sabbatique pour voyager à travers le monde. Nous voulions profiter de ce temps avant de rentrer dans le monde professionnel pour mener à bien un projet sur un sujet qui nous passionne : les avancées technologiques et digitales. Ce voyage est l’occasion de nous enrichir autrement, en nous confrontant à d’autres milieux, nous ouvrir à d’autres cultures, et gagner en confiance et en autonomie.
En quoi consiste exactement votre projet ?
Depuis septembre 2015 et jusqu’en août 2016, nous étudions l’écosystème de l’innovation dans les pays émergents d’Asie du Sud-Est et d’Amérique du Sud. Dans chaque pays, nous rencontrons les différents acteurs de l’écosystème, que ce soit des incubateurs, accélérateurs, espaces de coworking, agences médias, startups, ainsi que les personnalités les plus influentes du milieu. Nous partageons ensuite nos découvertes sur notre site (Edit : le site a été supprimé depuis l’époque où cet article a été rédigé) et nos réseaux sociaux. L’idée générale de notre projet est finalement de montrer ce qu’il se passe dans ces pays, dans les domaines de la tech et du digital, compte tenu de leur niveau de développement. Sur notre site, nous avons élaboré des cartographies des différents pays, et nous consacrons aussi quelques articles aux startups du moment.
À ce jour, quelles sont vos plus belles découvertes en matière d’innovation ?
Nous aimons beaucoup parler de l’histoire de cette jeune femme que nous avons rencontrée à Kuala Lumpur il y a quelques mois : Chin Xin-Ci, la fondatrice de Watch Over Me (« Veille sur moi »). Cette jeune femme a conçu cette application à la suite d’une agression, en sachant qu’elle répondrait à la demande de nombreuses autres femmes. Watch Over Me est une application de sécurité personnelle qui permet d’alerter ses proches sur sa localisation en temps réel. En la mettant en marche, vos proches vous suivent via leurs smartphones tout au long de votre trajet jusqu’à ce vous arriviez à destination. Une fois arrivée, il suffit alors de le signaler en activant le bouton « I’m safe », ce qui désactive l’application. Mais l’app est bien plus qu’un simple Panic button. En l’absence de réponse et au terme d’un délai que vous avez préalablement fixé, l’alerte est automatiquement lancée, ce qui permet d’aviser et d’agir très rapidement pour votre entourage. De plus, si par peur d’une agression, on secoue son téléphone très fort, l’application déclenche automatiquement la vidéo du téléphone afin de filmer la situation qui est retransmise au proche en contact. Une sirène stridente retentit également pour faire fuir l’agresseur et alerter les personnes autour. Cette application est particulièrement utile pour toutes ces femmes (et même les hommes) qui ne se sentent absolument pas en sécurité lorsqu’elles/ils doivent rentrer seul(e)s chez elles/eux tard le soir… Pour aller toujours plus loin, l’équipe de Watch Over Me travaille sur une carte interactive permettant de définir un circuit « sécurisé » pour rentrer chez soi le soir, mais celle-ci n’est pour l’instant pas disponible pour l’Europe. Chin Xin-Ci s’est servi de son histoire afin d’aider des millions d’autres femmes à travers le monde, en puisant dans la multitude d’opportunités qu’offre la technologie d’aujourd’hui. Il s’agit, entre autres, de ce type d’innovations que nous recherchons ; celles qui répondent à un véritable besoin, qu’il soit économique, technologique, social, environnemental ou même culturel.
Comment faites-vous pour les trouver, ces innovations ?
Une part du travail (un long travail de recherches) avait été faite en amont, ce qui nous a permis d’avoir déjà beaucoup de contacts avant notre départ. Pour les autres, ce sont principalement les incubateurs locaux et les personnes influentes qui nous guident vers leurs startups du moment. Concrètement, on prend contact avec l’entrepreneur ou le représentant de l’incubateur par e-mail et on lui parle de notre projet. S’il est emballé, on convient d’un rendez-vous pour qu’il nous présente son travail. La majorité du temps, on en ressort avec une dizaine d’autres contacts. 🙂
Dans la réalité du voyage, n’est-ce pas parfois difficile de trouver le temps de mener votre projet comme vous l’aviez imaginé avant de partir ?
C’est vrai qu’il peut être parfois difficile de parvenir à combiner la partie « projet » en tant que tel et la partie « voyage ». Mais c’est aussi le projet qui conditionne le voyage. Par principe, on est toujours en voyage, puisqu’on débarque dans des endroits que l’on ne connaissait pas, et où tout est à découvrir. Comme le projet nous passionne, avec une bonne organisation, tout est possible ! Etant donné que nous voyageons sur une longue durée, nous essayons de garder une certaine routine autant que possible : on travaille donc souvent un petit peu le matin pour les tâches urgentes, on sort ensuite la journée pour des rendez-vous ou pour des visites, et on rentre le soir pour retravailler un peu. Comme ça ne suffit pas, on essaye de s’accorder aussi chaque semaine entre 1 et 2 journées complètes. On travaille également quand c’est possible dans les transports, afin de gagner du temps et de pouvoir sortir quand on arrive !
Quels pays visitez-vous au cours de ce voyage ?
En Asie du Sud-Est, nous avons traversé l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, le Myanmar, le Cambodge, le Vietnam, et un court passage au Philippines. On est restées un peu plus longtemps dans certains pays comme l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam ; ils sont très vastes et particulièrement intéressants dans le cadre de notre projet. Nous sommes actuellement en Amérique du Sud. Nous avons passé un mois au Brésil puis nous sommes passées par le Paraguay avant de rejoindre le Pérou, où nous sommes maintenant. Nous continuerons à descendre tranquillement en traversant la Bolivie, le Chili et l’Argentine. Ça passe tellement vite qu’on a du mal à se dire qu’on est déjà proches de la fin…
Vous êtes jeunes, comment êtes-vous parvenu à économiser la somme nécessaire pour ce grand voyage ?
Nous avons passé 3 ans à réunir les fonds nécessaires pour ce projet. Étant étudiantes, nous n’avions que très peu d’économies personnelles. Nous avons donc cherché du soutien auprès de différentes entreprises. C’est l’année de notre départ que tout s’est débloqué ; tout à coup, tout le monde se mettait à parler d’innovation et notre projet ne passait donc pas inaperçu. Nous avons obtenu des soutiens financiers de la part d’entreprises, de l’université, de nos villes. D’autres entreprises nous ont soutenues matériellement, ce qui a considérablement réduit les coûts de préparation avant le départ. Enfin, nous avons fait un prêt bancaire. Ce qui est certain c’est que sans tout nos partenaires, nous ne serions pas là aujourd’hui !
Auriez-vous aimé voyager sans projet ?
En cas de coup dur, on a effectivement parfois envie de tout balancer, d’arrêter d’envoyer des e-mails et d’écrire des articles. C’est si facile de se dire qu’on pourrait voyager pour une durée indéterminée, de s’arrêter où l’on veut, quand on veut… Mais au fond, c’est extrêmement intéressant ! Quand on sort d’un rendez-vous passionnant, on est surexcitées, on a envie d’écrire 5 articles en même temps, de rencontrer 10 autres personnes et de montrer à tout le monde ce que ce projet peut apporter. Au final, voyager avec un projet est complètement différent de voyager sans, mais cela apporte tout autant. Et à cette période de notre vie, où nous allons bientôt entrer dans le monde professionnel, c’est une excellente expérience. Cela nous a appris à soutenir un travail sur le long terme, à travailler dur en gérant des tas de tâches en même temps, à communiquer dans différentes langues, mais également à présenter notre travail aux autres. Et évidemment, ce à quoi on ne pense pas nécessairement : le management ! Tout le monde sait que travailler en équipe est difficile, alors imaginez travailler avec la personne avec laquelle vous vivez 24h/24 ? C’est sûr que ce n’est pas facile tous les jours. Nous sommes aujourd’hui complètement différentes des personnes que nous étions en partant, et c’est grâce à ce projet !
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes ayant l’envie de voyager en menant un projet ?
Il faut bien réfléchir avant de se lancer dans cette aventure. Mener un projet en voyageant, ce n’est pas rien. Le projet est au centre, donc il faut parfois savoir dire non à des sorties ou devoir organiser son temps différemment. Mais c’est aussi hyper gratifiant quand on voit que notre projet en vaut vraiment la peine. Pour nous, il y a deux choses principales à prendre en compte. Premièrement, est-ce que le projet vous passionne réellement ? Car c’est ça qui va vous pousser à avancer, à vous dépasser, mais aussi qui récompensera tous les efforts et le temps passé. C’est également ce projet qui pourra être utile dans votre parcours professionnel, donc autant qu’il soit en lien. Deuxièmement, partez-vous bien avec les bonnes personnes ? C’est mieux de savoir avant le départ comment on travaille ensemble, mais aussi quelles sont les limites et les points forts de chacun afin de pouvoir s’organiser au mieux. On n’est pas tous compatibles, c’est un fait, il ne sert à rien de forcer les choses. Nous avons rencontré des personnes qui se sont quittées en plein milieu à cause de trop grandes différences. C’est dommage et ça complique tout. Il aurait peut-être mieux fallu pour cette équipe de voyager sans projet, car les efforts dus au travail les ont séparés. De notre côté, nous avons eu la chance de réussir à faire la distinction entre travail et « vie privée » en apprenant à nous adapter à chacune afin de pouvoir mener ce projet à bien. Et ce voyage a clairement renforcé notre amitié.
Ce voyage change-t-il votre regard sur le monde ?
Bien sûr. Quand on voit autant de paysages et que l’on rencontre tant de personnes aux histoires différentes des nôtres, il est difficile de ne pas se remettre en question. Paradoxalement, c’est en allant à l’étranger que nous avons pu en apprendre beaucoup sur notre propre culture. Nous avons pu vraiment prendre conscience de toutes ces petites choses que nous avons la chance d’avoir en France, et que les autres pays n’ont pas forcément. De plus, avec l’éloignement il est vrai que notre patriotisme s’est renforcé. Concernant notre « vision » du monde, on peut dire qu’elle est moins floue. Aujourd’hui, nous avons une idée de ce qui se passe dans plein de régions du monde au niveau culturel, politique, humain, technologique, écologique… Nous savons aussi dans quelles villes nous pourrions vivre ou travailler, dans lesquelles c’est par contre impossible. Nous avons vécu quelques désillusions mais de nouveaux rêves sont également apparus comme par exemple faire un road trip à moto ou bien parcourir les steppes de Mongolie. Mais de manière plus générale, ce voyage nous a surtout apporté un sentiment de liberté. Nous avons rencontré des personnes aux profils extrêmement divers : des voyageurs qui parcourent le monde depuis plusieurs années, des expatriés, des étudiants, des personnes ayant tout quitté à 45 ans pour vivre leur rêve le temps de quelques mois, mais aussi des jeunes comme nous qui voyagent en attendant de trouver le lieu où se poser pour quelques années. Être au contact de toutes ces personnes nous a permis de réaliser que nous avons la liberté de choisir ce que nous voulons faire de notre vie, réellement. Il ne reste plus qu’à choisir…! 🙂
Liens utiles :
Le blog d’Alice et Amandine (Edit : le site a été supprimé depuis l’époque où cet article a été rédigé)
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Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 31 octobre 2023.