Interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire

Anthony est un Breton de 27 ans. Il a choisi Zip World pour son billet d’avion « tour du monde » : Paris-Pékin-Katmandou-Kuala Lumpur//Hong Kong-Taiwan-Auckland-Ile de Pâques-Santiago-Lima-Paris.

Au programme de son voyage : Mongolie, Chine, Népal, Thaïlande, Birmanie, Laos, Taïwan, Nouvelle-Zélande, Ile de Pâques, Chili, Argentine, Bolivie, Pérou.

Interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire - Trek dans la minorité Palong en Birmanie
En Birmanie

Salut Anthony, peux-tu nous dire qui tu étais avant de partir en voyage ?
Avant de commencer à voyager, j’ai suivi un parcours d’études en gestion de projets industriels. J’ai ensuite décroché un poste de technicien supérieur dans le génie civile. A cette époque, je pensais à ma carrière professionnelle, à me trouver une bonne situation, à me poser quelque part… Mais je dois dire que depuis tout petit, j’ai toujours eu ce rêve de partir à l’aventure. Plus jeune, je m’amusais à compter les pays sur mon globe terrestre. Mais cela était toujours resté au statut de rêve de gosse.

Y a-t-il eu un élément déclencheur qui t’a fait prendre la décision de partir en tour du monde ?
Non, ce voyage s’est plutôt inscrit dans la continuité de voyages précédents. Chaque voyage m’a toujours donné envie d’aller plus loin. J’ai également suivi sur leurs blogs d’autres voyageurs partis en tour du monde, et on m’a aussi offert un livre sur différentes expériences de « tourdumondistes ». Je crois que cette idée de tour du monde à germé petit à petit dans ma tête. Cela m’a paru un peu fou au début et puis après réflexion, je me suis rendu compte que c’était le moment, que c’était ce que je voulais faire.

Interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire - Trek Tongariro Crossing en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande

Quand as-tu commencé à voyager ?
Il y a 4 ans en allant vivre à Barcelone pendant plus d’un an. Durant cette année, une amie argentine m’a proposé de partir avec elle voir sa famille à Buenos Aires. Je crois que ma passion pour le voyage a commencé là-bas, en Argentine, lorsque je suis tombé amoureux de la Patagonie. A partir de là, j’ai vraiment commencé à voyager en visitant l’Espagne, le Portugal, le Maroc… De retour en France, je suis parti 5 semaines en Europe de l’Ouest avec InterRail, un billet qui permet de voyager en train partout en Europe. Puis l’année suivante, je suis parti 10 mois en Australie avec le Visa Vacances Travail. Durant ce voyage, j’en ai également profité pour visiter l’île de Bali en Indonésie, et Singapour.

Tu avais une vie établie. Comment as-tu fait pour ton appartement, ton travail… ? Et comment tes proches ont-ils réagi ?
Le plus dur pour moi a été quand j’ai décidé de tout plaquer pour aller vivre en Espagne. J’ai démissionné de mon CDI, rendu mon appartement et vendu ma voiture. C’était en 2009 et la crise économique frappait de plein fouet l’Europe, notamment l’Espagne. Je me suis quand même demandé si c’était bien sérieux de tout plaquer, surtout avec la conjoncture très difficile. Je me suis vite rendu compte que j’avais besoin de partir, que ma situation, bien que confortable, n’était pas ce que je voulais. Le fait de tout plaquer, malgré la crise économique, a été pour moi une vraie sensation de liberté, n’écoutant pas le pessimisme des informations télévisées et faisant mes choix par moi-même. Cette liberté n’a pas vraiment été partagée par mes proches qui se demandaient ce que je faisais. Cependant, j’ai la chance d’avoir une famille qui a toujours respecté mes choix. Par la suite, ils se sont rendu compte que j’ai toujours réussi à rebondir en repartant de zéro après chaque voyage. Maintenant, ils se demandent quelle sera ma prochaine destination !

Peux-tu nous présenter ton voyage actuel ?
Pour ce tour du monde, l’idée a toujours été de simplement découvrir le monde, connaître d’autres cultures, rencontrer des gens, s’émerveiller devant la richesse de notre planète ainsi que prendre conscience de sa fragilité. Je n’ai pas de but humanitaire ni de sponsors. Je voyage en totale autonomie et partage mon expérience sur mon site Internet, que ce soit mon ressenti ou des bons plans pour les autres voyageurs. Aujourd’hui, je suis sur la route depuis plus de 7 mois. J’ai passé 6 mois en Asie, 1 mois en Nouvelle-Zélande et je me trouve actuellement en Amérique du Sud. L’idée de départ était de voyager pour une durée de 9 mois. Finalement, j’ai réussi à économiser en Asie et je me suis rendu compte que 9 mois ne seraient pas suffisant. Avec la flexibilité de mon billet tour du monde, je peux décider de rentrer quand je veux en ne dépassant pas les 1 an de voyage. Mon retour en France dépendra de mes finances et de mes envies. Concernant le choix des escales, je voulais absolument aller en Mongolie, Népal et surtout Birmanie. A partir de ce trio, j’ai tracé un itinéraire en prenant en compte les problèmes de météo, visa, transport… Je comptais également retourner en Patagonie en visitant les côtés argentin et chilien. Ce voyage a aussi été l’occasion de revoir des amis rencontrés lors de précédents voyages comme en allant à Taïwan, Santiago ou encore Buenos Aires.

interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire - Le Désert de Gobi en Mongolie
Dans le Désert de Gobi, Mongolie

Tu es parti seul, pourquoi ce choix ?
Au départ, je le vivais plutôt comme une obligation car dans mon entourage, personne n’est intéressé par des voyages au long court. J’ai également déjà voyagé avec d’autres personnes mais je me suis rendu compte qu’il est très difficile de trouver LA bonne personne pour voyager (même disponibilité, même budget, mêmes envies…). Finalement, voyager seul me convient car dans les faits, on n’est jamais vraiment seul. On n’est plus accessible qu’un groupe d’amis voyageant ensemble et l’on rencontre ainsi beaucoup plus de gens. Dans chaque pays, je suis toujours en compagnie d’autres voyageurs et il ne m’arrive que très rarement d’être seul. Voyager seul est aussi pour moi un moyen de mieux se connaître, ses qualités, ses défauts, ses limites… Et puis surtout, c’est la liberté d’aller où l’on veut, quand on veut, de suivre ses envies.

Quelles étaient tes craintes avant de partir ? Se sont-elles réalisées jusqu’à présent ?
En se lançant dans l’inconnu, je me suis évidemment posé tout un tas de questions : si j’allais réussir, si je n’allais pas me retrouver bloqué quelque part, si ça ne serait pas trop long, etc… Mais avec l’expérience de mes précédents voyages, je savais déjà vers quoi je me dirigeais. Je crois que le début d’un voyage au long cours est toujours un peu plus difficile. On quitte son cocon, son confort pour aller vivre des expériences nouvelles et cela peut-être un peu déroutant. Mais une fois que l’on a pris le rythme, tout devient beaucoup plus facile. On apprend à être plus patient, à prendre le temps de résoudre un problème… Le voyage est également pour moi une école de la vie. Certes, ce n’est pas toujours rose, il y a parfois des galères mais avec le recul, je pense que chaque expérience est bénéfique, qu’elle soit positive ou négative.

interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire - Plongée à El Nido aux Philippines
El Nido, Philippines

Comment as-tu préparé ton voyage ?
Au niveau de la préparation, j’ai essayé de penser à chaque détail. C’est vrai que l’on ne peut pas tout prévoir et il est aussi important de se laisser porter par le hasard et les rencontres. Mais si l’on peut déjà anticiper des petites galères, c’est plus de temps et de tranquillité pour profiter des moments sur place. Pour la préparation donc, je me suis beaucoup aidé de guides de voyages (Lonely Planet, Le Routard), d’Internet et surtout des blogs de voyageurs ayant déjà réalisé un tour du monde. C’est une vraie mine d’or et cela m’a vraiment beaucoup aidé pour savoir par où commencer. La préparation d’un tour du monde passe par plusieurs grandes étapes auxquelles sont confrontés chaque « tourdumondiste » (budget, itinéraire, billet d’avion, assurance, carte bancaire, sac à dos…). Il faut penser à beaucoup de choses, et avoir des retours d’expériences sur la préparation d’un tour du monde m’a vraiment été d’une grande aide. Pour le voyage sur place, en Asie, j’ai voyagé avec un petit carnet de route où j’avais inscrit des informations recueillies un peu partout sur Internet, guides de voyage… L’Asie est un continent très facile à voyager, bon marché et très sûr. Il n’y a pas besoin de beaucoup planifier. Pour la Nouvelle-Zélande, on y voyage de la même façon qu’en Australie, c’est à dire en voiture donc on est assez libre. En ce qui concerne l’Amérique du Sud, je voyage avec des guides pour chaque pays car c’est un peu moins flexible que l’Asie et c’est mieux d’avoir une idée de son itinéraire.

Quel est ton budget ?
Mon budget est d’environ 16 000€ tout inclus. Je le divise en 2 parties : 5000€ pour les dépenses avant départ (billet TDM, assurance, équipement…) et 11 000€ sur place. Contrairement à de nombreux voyageurs, je n’ai pas de réel budget par pays. Je surveille mes finances et avise au jour le jour. Jusqu’à présent, cela n’a pas trop mal fonctionné. Pourvu que ça dure !

Comment as-tu fait pour économiser une telle somme ?
Concernant le financement, c’est une longue histoire. En revenant de mon dernier voyage en Australie, j’étais quasiment à zéro. J’hésitais entre faire un voyage en Asie ou retourner en Amérique du Sud. J’ai finalement opté pour l’Asie. Ma formation de technicien en projets industriels ne me permet pas de trouver du travail rapidement et débouche en général sur un CDD ou CDI. Ayant besoin de travailler rapidement, je suis allé dans les agences d’intérim et en une journée, j’avais du travail dans une usine sur une ligne d’emballage alimentaire. Le travail était assez pénible et pas franchement intéressant mais il y avait la possibilité de faire des heures supplémentaires. J’ai ainsi travaillé presque tous les jours pendant un an en réduisant beaucoup les sorties, concerts, restaurants… Je me suis rendu compte que je ne serais pas prêt à refaire ça. J’ai alors décidé d’ajouter l’Amérique du Sud à mon voyage en récupérant l’argent d’un plan d’épargne logement que j’avais à la banque. Cette période n’a pas toujours été évidente pour moi. Mais penser que j’allais faire un tour du monde était plus que motivant pour me lever tous les matins !

Interview voyageur : Anthony et son tour du monde en solitaire - La Grande Muraille de Chine
Sur la Grande Muraille de Chine

Jusqu’à présent quels sont les pays/lieux qui t’ont le plus marqués et pourquoi ?
C’est difficile de comparer les pays car chacun possède sa magie et son univers. Malgré ça, la Mongolie a été une très belle surprise. Moi qui pensais que le pays des chevaux était plat, je ne m’attendais pas à voir d’aussi beaux paysages. J’ai pu aller à la rencontre des nomades et bien qu’on ne puisse pas communiquer en anglais, les rencontres ont été très fortes. J’ai aussi eu la chance de voyager avec un très bon groupe de voyageurs. Nous sommes tous restés amis depuis et il nous arrive de nous recroiser régulièrement sur la route. Ensuite, la Birmanie a également été un autre moment fort de mon voyage. Je suis tombé amoureux de ce pays en lisant des blogs et je voulais y aller depuis très longtemps. J’avais donc beaucoup d’attentes et je n’ai pas été déçu, loin de là. Malgré l’oppression que subisse les Birmans à cause de la dictature en place, ce sont des gens accueillants, simples et d’une incroyable générosité. Contrairement à d’autres pays, il n’y a pas ce rapport constant à l’argent avec le touriste. Bien que parfois timides, ils ont une soif de découverte et de rencontre avec les étrangers. Cela a été pour moi un réel bonheur de partager des moments avec eux. Et puis pour finir, mon retour en Amérique du Sud a aussi été quelque chose d’assez intense. J’ai de nombreux amis au Chili et en Argentine et je connais bien la culture de ces pays. La Patagonie et moi, c’est aussi une longue histoire. C’est là-bas que tout a commencé il y a 4 ans où je me suis émerveillé devant les paysages de cette partie du globe. Je suis très content de pouvoir y voyager de nouveau.

Jusqu’à présent, y a-t-il des choses que tu regrettes ?
Au niveau du matériel, je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit. Cela m’est arrivé d’acheter de l’équipement quand j’en avais besoin. J’ai peut-être négligé le choix de mes chaussures car au bout de 2 semaines de voyage, je me suis rendu compte qu’elles n’étaient pas adaptées. J’ai depuis racheté des fausses North Face à 30€ au Népal et depuis 6 mois, elles tiennent toujours le coup ! Concernant l’itinéraire, si c’était à refaire, j’aurai pris un vol Paris/Moscou et aurais ensuite rejoint la Mongolie avec le Transsibérien à travers la Russie au lieu de faire un Paris/Pékin avec transport locaux pour la Mongolie. Tous les gens que j’ai rencontré en Mongolie venaient de Russie et leurs histoires dans le Transsibérien m’ont beaucoup plues. Je pense aussi que je ne serais peut-être pas passé par la Thaïlande, un pays devenu beaucoup trop touristique à mon goût et qui m’a beaucoup déçu. Mais ça, je ne pouvais pas le savoir sans y être aller donc pas de regret. On ne peut pas être émerveillé en permanence.

Quel est l’élément indispensable de ton sac à dos ?
Sans hésitation, mon sac de couchage ! J’ai fait le choix de m’encombrer en l’emportant mais il ne m’a jamais fait défaut. C’est un Quechua UltraLight S5 qui va jusqu’à 0°C. Il n’est pas tout petit mais me garantit une nuit chaude où que je sois même à plus de 5000m d’altitude lors de mon trek au Népal. Je dirai aussi que les vêtements thermiques, bien que assez coûteux, m’ont été très utiles. Ils prennent peu de place et sont la meilleure solution contre le froid.

Anthony lors de son trek des Annapurnas (Népal)
Au Népal

Sais-tu déjà ce que tu vas faire en rentrant de ton voyage ? Reprendre ta vie là où tu l’as laissée ?
C’est une question qu’on me pose très souvent et à laquelle j’ai tendance à répondre : je n’en ai aucune idée. J’essaye de ne pas trop y penser pour profiter de mon voyage. Cependant, il faut bien que je prépare mon retour en France. Je crois avoir une bonne expérience dans la gestion de projets industriels. Je souhaiterais continuer dans cette voie mais en me consacrant plutôt à des projets à but humanitaires ou alors environnementaux. Je ne sais pas encore quels débouchés je pourrais trouver dans cette voie. C’est une piste qu’il va falloir que je creuse un peu plus. J’ai également un autre projet, plus personnel. Depuis très longtemps, je dessine des portraits de gens. A mon retour, à partir des photos prises, j’aimerais dessiner en grand format les personnes qui m’ont marqué au cours de mon voyage et lors de mes rencontres. J’y pense depuis un bon moment et c’est quelque chose qui me tient à cœur. J’espère que ce projet verra le jour. Je compte aussi terminer mon blog qui a un peu de retard en ce moment notamment au niveau des vidéos. Et puis bien sûr, je souhaite continuer à voyager. Quand on a commencé, il est très difficile de s’arrêter. Je pense que je vais continuer sur des durées plus courtes. Le voyage au long cours est une merveilleuse aventure mais qui exige beaucoup de sacrifices. Beaucoup d’idées donc pour l’après-voyage, je ne risque pas de m’ennuyer !

Si tu devais donner un conseil aux voyageurs en herbe qui ont peur de se lancer, quel serait-il ?
Je voudrais leur dire de ne pas douter de leurs rêves, de se lancer, de les réaliser… Je pense que rien n’est impossible quand on croit à quelque chose et qu’on se donne les moyens de le réaliser. Nous avons la chance de vivre dans un pays comme la France où, malgré toutes les critiques que l’on peut en faire, nous avons encore le choix de décider de notre avenir, de monter sa société, acheter une maison, partir voyager… Alors si c’est voyager que l’on souhaite, il ne faut pas hésiter. Cela peut faire peur au début, ce qui est tout à fait normal, mais une fois parti, ce n’est vraiment que du bonheur et de belles expériences. Un tour du monde n’est pas une fin en soi. Ainsi pour ceux qui n’ont jamais voyagé, on peut toujours commencer tranquillement en Asie du Sud-Est. Ce continent est idéal pour débuter en sac à dos. C’est très bon marché, sûr et très facile à voyager. Donc voilà, que ces jeunes voyageurs en herbe ne se laissent pas envahir par leurs craintes où les remarques inquiétantes de leurs proches, qu’ils parlent avec d’autres voyageurs qui leur donneront des conseils, et qu’ils se lancent. Peu importe le type de voyage que l’on fait, on ne peut pas regretter d’avoir pris la décision de partir.

Suivez Anthony dans son voyage, sur son superbe blog www.oneworldtosee.fr et sur sa page Facebook ! (Edit : le site et la page Facebook ont été supprimés depuis l’époque où cet article a été rédigé)

Ce contenu a été vérifié et mis à jour le 21 novembre 2023.

4 commentaires

  1. Ah anthony!!!!nous t’avons rencontre au laos…en meme temps que albatoor (barbara et alex).
    Nous etions 5 tourdumondistes a devaler en moto le tour des bolovens,au sud du laos.superbe experience et rencontre!
    Cet interview est genial ,elle decrit beaucoup choses que l’on partagent egalement..
    Bon route guy!!!! On espere que nos routes se recroiseront.
    caro et jean seb

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